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Pour centraliser les services pharmaceutiques et gagner en efficacité, les systèmes de santé doivent d’abord résoudre la barrière du système 340B

L'Institut BD d'excellence en gestion des médicaments


Publié le 17 décembre 2019

Shannon Johnson, PharmD, CPHIMSS

Directrice adjointe, Affaires médicales, Becton Dickinson (BD)


Des hôpitaux individuels ont rejoint d’autres hôpitaux pour former des systèmes de santé depuis des décennies.1,2 Souvent appelés réseaux de soins intégrés (IDN), ils s’élargissent et suivent une approche de plus en plus intégrée. Cette tendance ne ralentit pas puisque les fusions et acquisitions ont atteint un record en 2018. Pourquoi? Au fur et à mesure que les marges des soins de santé diminuent et que les dépenses augmentent, les hôpitaux individuels qui composent le système cherchent des façons d’avoir un impact sur les résultats.2,3

Les avantages viennent avec les économies d’échelle et la centralisation des services redondants, offrant aux réseaux de soins intégrés la possibilité d’être plus efficaces pour gagner en performance opérationnelle et économiser de l’argent sur la main d’œuvre ou en évitant des coûts.4 Par exemple, les grands systèmes de santé peuvent négocier de meilleurs contrats d’achat de médicaments. Et au lieu d’effectuer la même tâche dans chaque hôpital, un groupe d’hôpitaux travaillant en collaboration peut effectuer cette tâche une fois (à l’échelle), à un emplacement central. Les avantages de la centralisation semblent bien compris. Un sondage mené en 2018 auprès de 35 répondants du système de santé a convenu à l’unanimité que les possibilités d’économies pour les services de pharmacie centralisés comprennent (sans s’y limiter) l’uniformisation des livrets thérapeutiques, de meilleures remises sur le volume et de meilleurs accords à l’échelle du système d’organisation des achats groupés (OAG).5 Naturellement, l’uniformisation s’accompagne également d’une réduction de la variabilité, un principe fondamental pour la sécurité des patients et la haute fiabilité.6,7,8

 

Deux modèles de centralisation

Alors que certains réseaux de soins intégrés effectuent des tâches liées à la pharmacie au sein d’un seul hôpital (au moyen d’un modèle en étoile), d’autres achètent des espaces d’entreposage dans des parcs d’affaires où l’immobilier peut être plus abordable et plus abondant. Parfois, un entrepôt est déjà opérationnel pour les fournitures hospitalières et il est tout à fait possible d’ajouter de l’espace pour la pharmacie.

 

Prêt pour la centralisation

Il existe de nombreux exemples de lignes de service qui ont été centralisées d’une façon ou une autre au sein des systèmes de santé. Il s’agit notamment de l’approvisionnement central, du traitement stérile, du transport, de la technologie de l’information, de la nutrition, des services de blanchisserie, des ressources humaines, des finances, du codage et de la facturation, pour n’en nommer que quelques-uns. En outre, de nombreux services pharmaceutiques sont également prêts pour être centralisés, y compris les achats centraux (p. ex., les achats en volume, l’achat de médicaments à l’avance afin de limiter les pénuries), la préparation stérile, le réapprovisionnement automatisé des cabinets automatisés décentralisés (CAD) et le reconditionnement des doses unitaires.5,9

Malgré ces possibilités, la pharmacie a du retard en matière de centralisation : une enquête récente a estimé que près de 15 % des réseaux de soins intégrés disposent aujourd’hui d’une forme ou d’une autre de services centralisés, tandis que 48 % des réseaux de soins intégrés l’envisagent.9,10

 

Pourquoi la pharmacie a-t-elle du retard en matière de centralisation?

De nombreux réseaux de soins intégrés possèdent un ou plusieurs hôpitaux « 340B » dans leur réseau, ce qui rend la centralisation des services pharmaceutiques plus complexe.11 Le système 340B est un programme fédéral volontaire de réduction des médicaments qui aide financièrement les hôpitaux à but non lucratif qui soignent un plus grand nombre de patients hospitalisés sous ou non assurés en leur permettant d’acheter des médicaments fortement réduits ( » réduction de 340B « ) pour leurs patients ambulatoires.12 Dans le cadre du programme, il existe des règles très strictes et complexes qui expliquent comment ces médicaments peuvent être achetés, stockés et utilisés.

Pour illustrer quelques-unes des complexités, commençons par comprendre que le rabais 340B est limité. La réduction est limitée aux médicaments achetés pour des patients externes qualifiés dans des hôpitaux qualifiés, et chaque hôpital est obligé de garder la trace des sommes économisées en vertu du 340B.12 Ces limitations signifient que seule la pharmacie associée à un hôpital qualifié peut effectuer l’achat (par opposition à une pharmacie centrale qui n’est pas directement associée) et que les économies doivent être comptabilisées séparément, indépendamment de tous les autres achats de médicaments.

Lorsque les médicaments achetés par un hôpital 340B sont transférés à une pharmacie centrale pour être redistribués, l’entrepôt central est naturellement enclin à vouloir les associer au reste du stock afin d’être plus efficace. Cela comporte cependant un risque. En vertu d’une règle appelée « interdiction des OAG », certains hôpitaux 340B sont interdits d’utiliser des médicaments sur leurs patients ambulatoires qui ont été achetés dans le cadre d’un programme de rabais alternatif mis en place pour les organisations d’achat groupées (OAG). Autrement dit, les médicaments vendus à prix réduit auprès des OAG ne peuvent être utilisés que sur les patients hospitalisés dans des hôpitaux soumis à cette règle. Lorsque des médicaments provenant de différents hôpitaux avec différents rabais sont regroupés, la conformité du programme 340B d’un hôpital est, par conséquent, compromise.13

 

Comprendre les obstacles à la centralisation

Lors de conversations avec les clients de BD, la complexité du 340B a été identifiée comme l’une des principales raisons du retard au niveau de la centralisation de la pharmacie.11Même si la conformité aux normes 340B est complexe, la bonne nouvelle est que la centralisation n’est pas impossible. Il s’agit d’une nouvelle frontière et, même si on ne sait pas clairement où elle mènera, deux obstacles importants devront probablement être éliminés. Tout d’abord, un acheteur central doit pouvoir lancer des commandes rapidement et facilement pour la pharmacie centrale, tout en respectant les réductions admissibles pour les hôpitaux qu’ils desservent (certains sont qualifiés pour 340B et d’autres pas). Deuxièmement, une méthode simple pour mêler les stocks de la pharmacie centrale sans risquer la conformité à la norme 340B est nécessaire. En éliminant ces deux obstacles, nous prévoyons que les services pharmaceutiques centralisés seront adoptés plus largement.*

* Il ne s’agit pas d’un avis juridique. Vous devriez consulter un avocat.
 

En savoir plus

Chaque mois, sur le blogue de l'Institut BD d'excellence en gestion des médicaments, des leaders d’opinion explorent des sujets d’importance cruciale pour la gestion des médicaments et proposent d’autres sources d’apprentissage.

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Références

  1. Ellison A. 17 latest hospital mergers and acquisitions: The total number of healthcare mergers and acquisitions hit a record high in 2018, and dozens of deals have closed so far this year. Beckershospitalreview.com. https://www.beckershospitalreview.com/hospital-transactions-and-valuation/17-latest-hospital-mergers-and-acquisitions-041619.html. Publié en 2019. Consulté : 1er octobre 2019
  2. LaPointe J. Major Healthcare Mergers and Acquisitions Making Waves in 2019. RevCycleIntelligence. https://revcycleintelligence.com/news/major-healthcare-mergers-and-acquisitions-making-waves-in-2019. Publié en 2019. Consulté : 1er octobre 2019
  3. Advisory Board. Priming For Growth: How To Overcome The Major Barriers To Achieving Outsized Revenue Growth; 2019.
  4. Five Strategies to Lower Medical Group Drug Spend. Advisory.com. https://www.advisory.com/research/pharmacy-executive-forum/research-reports/2019/5-strategies-to-lower-medical-group-drug-spend. Publié en 2019. Consulté : 16 octobre 2019
  5. Schenkat, D, Rough S, Hansen, A, et al. “Creating Organizational Value by Leveraging the Multihospital Pharmacy Enterprise.” American Journal of Health-System Pharmacy 75, no. 7 (January 2018): 437–49. https://doi.org/10.2146/ajhp170375.
  6. High Reliability | PSNet. Psnet.ahrq.gov. https://psnet.ahrq.gov/primer/high-reliability?q=/primer/high-reliability. Publié en 2019. Consulté : 1er octobre 2019
  7. What Separates Highly Reliable Organizations From the Rest? Jointcommission.org. https://www.jointcommission.org/high_reliability_healthcare/. Publié en 2019. Consulté : 1er octobre 2019
  8. Christianson, M.K., Sutcliffe, K.M., Miller, M.A. et al. Becoming a high reliability organization. Crit Care 15, 314 (2011) doi:10.1186/cc10360
  9. Visante, Inc. Market Insights On The Implementation Of Consolidated Service Centers By Health System Pharmacies. Swisslog Healthcare; 2019.
  10. Navigant Research. Automation in Centralized Pharmacies. Prepared for Becton Dickinson. 2018. Non publié.
  11. The growing trend of centralization of pharmacy services. Panel discussion at the Council of Pharmacy Executives and Suppliers Conference: 2019; Franklin, Tennessee.
  12. Detailed Overview: 340B Health. 340bhealth.org. https://www.340bhealth.org/members/340b-program/overview/. Publié en 2019. Consulté : 1er octobre 2019
  13. U.S. Department of Health and Human Services, Heath Resources and Services Administration. Statutory Prohibition On Group Purchasing Organization Participation. Office of Pharmacy Affairs; 2013.
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